Newsletter N°11 du 6 mars 2011

Newsletter : TGD
6 mars 2011

Chers Membres,
 

A mon ami Bernard,  

J'ai connu Bernard pendant nos études à Garancière...
Nous étions faits pour nous entendre : même gabarit, même goût pour le sport. Lui était un amoureux du ballon rond - comme les chapeaux bretons - et moi natif du Sud-Ouest, j'étais joueur du ballon ovale aux capricieux rebonds. Malgré cette différence de goût, nous nous retrouvions après les matchs soit à "la Grille", soit rue Servandoni. Que ce soit pour arroser nos victoires ou nous consoler de nos défaites, dans la boisson... avec modération !

Nous étions petits. Petits mais actifs. Très actifs même. En clair, pendant nos études dentaires, nous avons beaucoup planché sur les cours d'anatomie... enfin sur toutes les anatomies, je veux dire.

Après nos études, nous nous sommes retrouvés, par hasard au service militaire ; en fait, dans la vie, il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous. J'avais précédé Bernard dans la Marine de quelques mois et nous avons ainsi passé 2 ans dans la même chambrée. Ce fut un régal de tous les jours, tant notre tempérament et notre connivence étaient au diapason. Chaque journée sans rire était une journée perdue...

C'était il y a 50 ans...

Il y a un mois, j'ai passé une semaine avec Bernard dans son appartement aux Arcs. Ce furent nos derniers jours en commun, seuls. Nous avons tout de suite retrouvé les habitudes et la complicité de notre service militaire. Nous avons pu longuement converser, notamment sur nos vies de couple, constatant en particulier que nous avions tous les deux la même épouse depuis 50 ans... Nous nous sommes un peu considérés comme une espèce en voie de disparition, attribuant cette longévité à une extrême tolérance réciproque.
Nous avons fait quelques balades dans la montagne enneigée, ce qui nous a donné l'occasion de cette dernière photo sur un banc, à l'abri d'un chalet... Cette photo, je l'ai adressé à mon retour à Bernard. Au dos, j'avais écrit : "Deux vieux assis voient pl us loin que deux jeunes debout"... Hélas, je n'ai pas vu arriver le boulet qui l'a fauché.

Kersauson parlant de son ami Tabarly avait dit : "les marins, ça ne meurt pas, ça disparait".

Bernard a disparu le jeudi 24 février 2011.

Je lui en veux seulement d'avoir eu l'audace de se retirer devant le plus ancien dans le grade le plus élevé. Je lui pardonne, tant sa vie fut exemplaire en amitié et en courtoisie. Je n'ai jamais décelé dans son comportement ne serait-ce qu'une once de médiocrité.

En créant le TGD, j'avais déclaré : "je ne ferai pas votre richesse mais je vous présenterai mes amis!". Bernard était mon meilleur ami et je vous ai fait un merveilleux cadeau.

Bernard était le Vice-Président du TGD... Je resterai donc un Président sans "Vice", mais je souhaite que sa lumière continue de m'éclairer au-delà de son absence...

Jacques Baudrillard, Président

 

TGD.
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